S’appuyant principalement sur les thĂ©ories de Winnicott et comme un miroir Ă l’un des ouvrages de ce dernier intitulĂ© « La capacitĂ© d’ĂȘtre seul », Catherine Audibert, psychologue et psychanalyste, nous livre un essai sur la solitude, l’amour et les addictions.
Les deux Ă©tats de la solitude
Nous ne sommes pas tous capables d’ĂȘtre seuls et, pourtant, cette capacitĂ© que chaque individu acquiert dĂšs son plus jeune Ăąge, organise notre existence.
« De nouvelles lignes de partage du normal et du pathologique se dessinent alors : entre la capacitĂ© et l’incapacitĂ© d’ĂȘtre seul, entre une solitude sereine et une solitude mortifĂšre, entre le sentiment d’ĂȘtre et celui de non-ĂȘtre » (p.16).
Il y a
« deux Ă©tats de solitude : une solitude-dĂ©tresse (qui gĂ©nĂšre le sentiment de non-ĂȘtre) et une solitude-sereine (qui Ă©quivaut au sentiment d’ĂȘtre) » (p.33).
Catherine Audibert nomme traumatisme de solitude ce moment oĂč la solitude-sereine est brisĂ©e laissant place Ă la solitude-dĂ©tresse oĂč l’Ă©prouvĂ© de solitude se vit dans la dĂ©tresse.
« La détresse psychique est alors cette incapacité du moi à organiser des modalités défensives susceptibles de parer à la situation qui le menace » (p.46),
situation qui peut se traduire autant par l’absence que par une prĂ©sence invasive de l’autre.
Trois destins possibles sont rĂ©servĂ©s Ă cette incapacitĂ© d’ĂȘtre seul :
« 1) l‘impossibilitĂ© de jouir de la solitude lorsque la prĂ©sence d’un autre oblige le sujet Ă ĂȘtre constamment en Ă©veil, prĂȘt Ă rĂ©agir ; 2) l’impossibilitĂ© de vivre l’Ă©tat de solitude sans que des troubles apparaissent, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© de recourir Ă un ou des autres en prĂ©sence, notamment grĂące Ă la relation addictive ; 3) le repli dans une solitude-refuge, parfois amĂ©nagĂ©e par des techniques de survie psychique, dont peuvent faire partie les addictions » (p.33-34).
La solitude et les addictions
Catherine Audibert affirme que le sevrage d’un individu fait souvent bien davantage de dĂ©gĂąts car
« le repli addictif est alors le refuge dans une solitude qui ne peut ĂȘtre supportable que grĂące Ă des « drogues », pouvant devenir par la nĂ©cessitĂ© vitale du recours, des addictions » (p.111-112).
C’est qu’avant de se libĂ©rer d’une addiction, il est nĂ©cessaire de se libĂ©rer des processus psychiques qui la sous-tendent, vĂ©ritables stratĂ©gies de survie psychiques face Ă la solitude-dĂ©tresse (p.105).
« Par des stratégies singuliÚres, ces sujets tentent de transformer le vide sidérant, le vide dévastateur en un vide reposant. Ils tentent de réinstaurer une aire de solitude » (p.130).
Dans le chapitre consacrĂ© Ă l’amour, la psychanalyste insiste sur la diffĂ©rence entre la relation addictive et l’addiction :
« la relation addictive implique une relation Ă un autre dont la permanence est partiellement ou totalement indispensable ; l’addiction implique quant Ă elle l’utilisation d’un produit ou d’une activité » (p.134).
Dans notre sociĂ©tĂ© oĂč la solitude a de moins en moins sa place, cet ouvrage nous concerne tous et apporte un nouvel Ă©clairage sur les addictions de toutes sortes qu’il s’agisse de relations amoureuses addictives, d’addictions Ă diffĂ©rents produits ou comportements.
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« L’incapacitĂ© d’ĂȘtre seul »