L’insatisfaction est source de souffrance et nous empêche bien souvent d’avancer, de nous accomplir, d’être libre et heureux. Mais que s’agit-il de satisfaire ? « Le désir » me répondrez-vous. Mais ce désir est-il un besoin ou une envie ? Cet article va vous permettre d’apprendre à distinguer le besoin de l’envie et en quoi il est important et nécessaire de savoir faire cette distinction.
Qu’est-ce que le besoin ?
Le besoin peut se traduire par la nécessité de trouver une satisfaction afin de préserver l’équilibre à la fois physiologique, physique, psychologique et mental de notre être.
Si notre corps manque d’hydratation, il va crée en nous un besoin physiologique, la soif, qui nous motive à trouver de l’eau et à boire.
Le besoin est à l’origine de ce qui nous pousse à agir, de ce qui nous motive. Aussi, être à l’écoute de nos besoins, c’est être à l’écoute de ce qui nous maintient en vie, de nos pulsions de vie.
Plus nous sommes à l’écoute de nos besoins, mieux nous pouvons les satisfaire et à chaque besoin satisfait nous gagnons en liberté et en sérénité, en bonheur.
C’est à Abraham Maslow que l’on doit l’étude de nos besoins. Psychologue humaniste, Maslow a défini cinq catégories de besoins :
- Les besoins physiologiques
Ce sont nos besoins primaires et fondamentaux. Ils sont très présents au début de la vie. Ce sont la respiration, la nourriture, l’eau, le sommeil, l’excrétion, le sexe.
- Le besoin de sécurité
C’est le premier besoin émergent après les besoins physiologiques. Nous avons besoin de nous sentir loin du danger, loin de ce qui pourrait attenter à notre vie ou nous faire souffrir.
Se sentir en sécurité peut se traduire s’assurer de santé, avoir un emploi ou des ressources, avoir une famille protectrice, être à l’abri du besoin ou des intempéries (avoir un logement), ce constituer un territoire (être propriétaire).
- Le besoin d’amour ou d’appartenance
Nous avons besoin de nous sentir aimé et d’aimer en retour, de partager de l’affection, de l’attachement, des valeurs.
Nous ressentons le besoin d’appartenir à un groupe : une famille, un clan, une tribu, une communauté, une société. Dans ce besoin on retrouve l’amour, l’amitié, l’intimité sexuelle.
- Le besoin d’estime
Pour continuer à aller vers les autres et à partager des valeurs, des émotions, des sentiments, il est nécessaire de ne pas se perdre dans le groupe et de se recentrer sur soi et son individualité.
Le besoin d’estime est présent pour maintenir cet équilibre entre soi et les autres. Il se traduit par l’estime de soi, la confiance en soi et en l’autre, la réussite, le respect des autres et par les autres.
- Le besoin d’accomplissement de soi
Quand tous les autres besoins ont été satisfaits, totalement ou partiellement, émerge ce dernier besoin qui permet de donner du sens à son existence.
Nous avons tous en chacun de nous ce désir d’être un être accompli, qui a sa place et s’y sent pleinement vivant, libre et heureux. Ce besoin peut être satisfait par la créativité, la spontanéité, la capacité de résoudre un problème ou de répondre aux imprévus, par le désir de comprendre le monde et les êtres qui le composent, par l’absence de préjugés ou de jugements hâtifs, par la capacité d’accepter ce que l’on ne peut pas changer.
Le modèle de la pyramide de ces besoins a été faussement attribué à Maslow. Néanmoins il s’inspire de deux idées fortes dans la théorie des besoins de Maslow :
– il y a une hiérarchie des besoins : si les besoins physiologiques ne sont pas suffisamment comblés, l’individu ne peut pas s’occuper de son besoin de sécurité.
– il y a une progressivité des besoins : nous avons davantage de besoins physiologiques (85%) et moins de besoins d’accomplissement de soi (10%)
Je suis d’accord avec l’idée qu’il est important de satisfaire ses besoins ; je le suis moins avec celle d’une hiérarchie des besoins. Nous n’avons pas tous les mêmes besoins et nous ne sommes pas tous égaux par rapport à leur satisfaction.
C’est pourquoi je vous propose un autre modèle que j’ai intitulé « La roue des besoins » (et que vous êtes libre d’utiliser et de faire évoluer selon vos besoins !) : elle vous permettra d’identifier sans les hiérarchiser les besoins qu’il vous paraît important de satisfaire et sont qui le sont pleinement.
Distinguer besoin et envie
C’est à Melanie Klein qu’appartient le développement du concept d’envie. Si le besoin est motivé par la pulsion de vie, l’envie est animée par la pulsion de destruction.
C’est en effet la colère qui nous envahit et qui nous fait vouloir posséder et détruire ce qu’un autre a en sa possession. Nous pensons que ce que l’autre possède lui procure de la satisfaction, c’est pourquoi nous voulons le posséder à notre tour.
Nous voulons par ailleurs détruire ce que l’autre possède car nous désirons que l’autre souffre comme nous-même souffrons de l’insatisfaction d’un désir, d’un besoin. Il y a ici un mécanisme de projection de nos désirs et de nos souffrances dans l’autre.
Melanie Klein différencie l’envie de la jalousie et de l’avidité et je trouve cette différenciation très éclairante. si l’envie se manifeste en direction d’une autre personne, la jalousie est l’insatisfaction éprouvée face à un couple de personnes.
L’individu jaloux désire recevoir ce qu’un autre donne à un tiers (bien souvent de l’amour, de l’affection, de l’attention, de la reconnaissance). On retrouve ici souvent les sentiments d’exclusion et d’abandon.
L’avidité quant à elle est un désir impérieux et insatiable, autrement dit qui s’impose à soi et qui ne pourra jamais ou très difficilement être satisfait.
Pour Melanie Klein l’envie est une étape nécessaire appartenant à la position schizoïde-paranoïde : il est important de dépasser l’envie pour aller vers la gratitude. Il est donc nécessaire de bien comprendre et d’accepter que c’est la pulsion de destruction qui nous anime derrière chaque envie (jalousie ou avidité).
Bien souvent l’envie cache un besoin que l’on peut satisfaire par soi-même ou grâce à l’aide des autres; C’est pourquoi je vous propose un exercice afin de mieux connaître vos désirs et savoir s’ils sont de l’ordre des besoins ou s’ils appartiennent à l’envie, la jalousie ou l’avidité qu’il s’agit de dépasser.
Si vos désirs appartiennent à l’envie, la jalousie ou l’avidité, je vous invite à chercher quel besoin ce cache derrière et de trouver les solutions, moyens à mettre en place pour satisfaire au mieux le besoin identifié (et non plus l’envie, la jalousie ou l’avidité).
J’espère que vous savez à présent distinguer le besoin de l’envie et que cela vous permet de faire un pas de plus vers la liberté. Dites-moi en commentaire quel outil de la roue des besoins ou du tableau des envies vous a été le plus utile.
Super intéressant 🙂 Effectivement, je n’avais jamais mis de mots aussi précis sur ces différents concepts, très éclairant !
Merci pour cet article!!
Pourquoi l’envie serait-elle toujours animée par la pulsion de destruction ? Si j’ai envie de manger un chocolat par exemple, sans y être accro ou quoi que ce soit de ce genre, en quoi est-ce une pulsion de destruction ?
Je suis d’accord. Je me suis posée la même question un peu dans tous les sens. J’ai l’impression que c’est « envie » dans le sens « envier » quelqu’un plutôt. Mais il est vrai que pour moi il manque la partie « envie » au niveau du choix. Cad « j’ai envie de manger du chocolat », qui ne nécessitera pas un destruction particulière j’ai l’impression . Puisque cette envie ne dépend que de mon choix immédiat.
Être envieux et avoir envie.
Maintenant, l’envie « choix », celui du chocolat, est peut être simplement secondaire? Cela ne me torture pas de ne pas manger de chocolat, et si cela me fais mal, alors passerons nous peut être dans la catégorie envieux ?
Maintenant, comment savoir si il faut y répondre ? Dois je, puisque c’est secondaire, répondre à mon envie de chocolat ou au contraire ? Avec quel critère ?
Merci
Intéressant cette façon de décrire l’envie. Ca mène à de nouvelles réflexions, merci!
C’est vraiment important de comprendre cette histoire de besoin et d’envie. J’avais lu aussi quelques chose sur la notions de besoins dont parle Tony Robbins (assez proche de Maslow, et il y a 2 notions qui me plaisent sur la croissance et la contribution.) Dans ta roue des besoins, je sens que c’est au niveau de l’accomplissement que je dois « travailler ». A suivre 🙂 !
Je n’y avais jamais pensé de cette manière là … Les envies comme pulsion de destruction! Super intéressant, merci!