C’est dans deux articles de Sigmund Freud, articles regroupĂ©s dans un recueil intitulĂ© NĂ©vrose et psychose, qu’est expliquĂ© en quoi la nĂ©vrose se diffĂ©rencie de la psychose (qui fera l’objet d’un prochain article), comment naĂ®t une nĂ©vrose et quelle est la relation de l’individu nĂ©vrosĂ© Ă  la rĂ©alitĂ©.

Qu’est-ce que la nĂ©vrose ?

Dans son premier article, Freud rappelle que dans Le moi et le ça, il avait exposé la position médiane du moi entre le monde extérieur et le ça, et ses interactions avec ces deux instances. Je vous invite ici à aller consulter l’article que j’ai écrit sur les topiques afin que vous compreniez au mieux le mécanisme de la névrose.

Ce qui différencie la névrose de la psychose, c’est le conflit qui se joue entre le moi et les deux autres instances :

  • Dans la nĂ©vrose, le conflit a lieu entre le moi et le ça
  • Dans la psychose, le conflit se fait entre le moi et le monde extĂ©rieur.

Ce qui nous intéresse ici, c’est donc le conflit entre le moi et le ça. En quoi consiste ce conflit entre ces deux instances psychiques ? Dans la névrose de transfert, le moi s’associe directement au monde extérieur et donc au surmoi duquel il va suivre les ordres. Ceci est un préalable à la naissance du conflit.

Lorsque les pulsions issues du ça surgissent, au lieu de leur donner pleine satisfaction, le moi va les rejeter en utilisant le refoulement. Le ça, véritable réservoir pulsionnel, va donc se retrouver avec une quantité de plus en plus importante de pulsions et de refoulé, d’énergie pulsionnelle. Il va alors se rebeller en contournant, en trompant le moi grâce au symptôme.

La pulsion va donc être changée en, transférée sur un symptôme. La pulsion se manifeste de façon déguisée, le moi ne la reconnaît pas. Au lieu de la refouler, il va dépenser, perdre une grande partie de son énergie à lutter contre le symptôme et non plus contre la pulsion.

La relation à la réalité dans la névrose

La relation à la réalité

La névrose ne naît pas du refoulement en lui-même. Le refoulement est un des destins possibles de la pulsion. Mais il arrive que le refoulement échoue. La névrose naît de cet échec du refoulement. Et c’est dans cette objection du ça vis-à-vis du refoulement que se trouve la perte de la réalité.

« Chaque névrose trouble de quelque manière la relation du malade avec la réalité, elle est pour lui un moyen de se retirer d’elle et, dans des formes graves, signifie directement une fuite hors de la vie réelle. »

Ce qui illustre bien cette réaction, ce sont les cas où la cause de la névrose est connue, par exemple une scène traumatique, et où la personne s’évertue à dénier l’expérience traumatisante jusqu’à en être amnésique.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Qu'est-ce que la psychanalyse ?

La névrose n’a de cesse de fuir la réalité ou de tenter de la modifier. Elle va pouvoir le faire grâce à la réserve de fantasmes dans laquelle elle puise ce dont elle a besoin pour répondre aux désirs pulsionnels.

« Dans la névrose aussi, il ne manque pas de tentatives pour remplacer la réalité non souhaitée par une plus conforme aux désirs. La possibilité en est donnée par l’existence d’un monde fantasmatique, un domaine qui, en son temps, lors de l’instauration du principe de réalité, a été séparé du monde extérieur réel, après quoi il a été laissé libre, à la manière d’une « réserve », par rapport aux nécessités de la vie. »

C’est en effectuant une régression dans un passé réel plus satisfaisant que la névrose pourra trouver ce réservoir à fantasmes.

Les différents types de névroses

  • La nĂ©vrose obsessionnelle : le conflit psychique s’exprime Ă  travers des symptĂ´mes compulsionnels comme des idĂ©es obsĂ©dantes, l’accomplissement d’actes indĂ©sirables, la ritualisation.
  • L’hystĂ©rie de conversion : on voit apparaĂ®tre des symptĂ´mes de conversion, le conflit psychique est symbolisĂ© dans des symptĂ´mes corporels.
  • L’hystĂ©rie d’angoisse ou phobie : le symptĂ´me se fixe sur un objet extĂ©rieur, avec peur, angoisse de cet objet extĂ©rieur.
  • La nĂ©vrose traumatique : les symptĂ´mes font suite Ă  un choc ou un traumatisme qui menace la vie de la personne.
  • La nĂ©vrose de caractère : le conflit psychique ne se traduit pas par des symptĂ´mes mais par des traits de caractères, des comportements qui peuvent devenir pathologiques.
  • La nĂ©vrose actuelle : l’origine est Ă  chercher dans le prĂ©sent et non plus dans les conflits infantiles, les symptĂ´mes ne sont donc plus une expression symbolique, mais celle de l’absence ou de l’inadĂ©quation de la satisfaction sexuelle (neurasthĂ©nie, hypocondrie).

Il y a aussi d’autres névroses comme la névrose d’abandon, la névrose d’échec et la névrose familiale. Toutes ces névroses feront l’objet d’un article ultérieur pour chacune.

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2 rĂ©ponses Ă  “Qu’est-ce que la nĂ©vrose ?”

  1. ygocoaching dit :

    Merci pour cet article très intĂ©ressant sur les nĂ©vroses. Mais du coup il y a quand mĂŞme des degrĂ©s de psychose j’imagine, et quels seraient les solutions pour diminuer les effets corporels par exemple de la nĂ©vrose?

    • Il n’y a pas de degrĂ©s de psychose, mais des manifestations de la psychose qui sont variables et Ă©volutives. Il y a les nĂ©vroses, les cas limites, les psychoses, les autismes, les perversions. Ce sont cinq constructions psychiques diffĂ©rentes. Si une personne est diagnostiquĂ©e psychotique, elle devra suivre un traitement Ă  vie et ne pourra pas faire de travail analytique.
      Concernant la nĂ©vrose, il y a des symptĂ´mes (et non des effets) corporels (mais pas que corporels) sur lesquels l’analysant va travailler : mieux comprendre l’origine du symptĂ´me pour pouvoir dĂ©masquer le refoulĂ©.

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