On dit LES topiques parce qu’il y en a deux qui prennent forme successivement dans l’œuvre freudienne. L’origine du mot vient du grec topos qui signifie lieu, endroit, place, avec l’idée d’un espace entouré. On retrouve cette racine dans le mot topographie qui est la représentation par un dessin ou une carte d’un lieu. Les topiques en psychanalyse sont deux cartes qui représentent, localisent pour la première l’inconscient, la conscience et le préconscient, pour la deuxième les instances psychiques que sont le moi, le ça et le surmoi.
La première topique
Au tout début de la psychanalyse Freud s’intéresse beaucoup au langage et à la mémoire. Il a l’intuition que le symptôme est imprégné de symbolisations et cherche à comprendre son fonctionnement. Il veut donc savoir comment les souvenirs et notamment les traumatismes vont s’inscrire dans le psychisme.
L’ébauche de cette première topique se trouve dans une lettre à Fliess, dans laquelle il expose sa théorie. Le psychisme accumule des traces mnésiques et forme un appareil avec plusieurs strates :
- La conscience qui est ouverte sur le monde extérieure et les situations actuelles
- L’inconscient qui enregistre des traces d’expériences
- Le préconscient qui permet de faire passer de l’inconscient à la conscience ces traces mnésiques.
A travers les cures de ses patients, Freud constate que tous les souvenirs ne viennent pas facilement à la conscience, il y a des résistances. Ces résistances sont le signe que quelque chose est refoulé. Pour pouvoir accéder à ce refoulé, Freud découvre une voie royale : les rêves.
Comme les rêves, l’inconscient ne connaît ni le temps (il est toujours actuel), ni la mort, ni la contradiction (il n’y a pas de jugement). C’est dans L’interprétation du rêve que Freud explique ce fonctionnement de l’inconscient.
L’étude de la pulsion et du refoulement va permettre d’affiner cette première topique. Car, paradoxalement, nous ne pouvons connaître l’inconscient qu’avec la conscience, c’est-à -dire une fois qu’une transposition a été faite.
Freud distingue deux représentations:
- Les représentations de choses qui se font dans l’inconscient
- Les représentations de mot qui se réalisent dans le préconscient.
Il y a une première représentation qui s’effectue dans l’inconscient à la réception des excitations externes. Cette première représentation est parfois dotée d’un surinvestissement quand y est associée une représentation de mot (il y a un double investissement). C’est parce qu’il existe ce surinvestissement qu’une représentation peut devenir consciente.
La deuxième topique
C’est dans Le moi et le ça que Freud élabore la deuxième topique. Elle introduit les trois instances psychiques : le moi, le ça et le surmoi. Freud propose une approche dynamique de ces trois instances, c’est-à -dire une étude à la fois des forces en elles et entre elles.
Ce qui pousse à l’action l’être humain, ce sont ses besoins corporels tels que la faim et l’amour. Ces besoins stimulent l’activité psychique et c’est en cela que Freud les appelle des pulsions. Ces pulsions vont emplir le ça.
Les pulsions cherchent incessamment la satisfaction. Quand la satisfaction est trouvée, elle va éteindre la pulsion et la diminution de l’état de tension va procurer du plaisir. Inversement quand une tension augmente, cela génère du déplaisir. C’est ainsi que l’appareil psychique va régler son activité, en fonction des variations entre plaisirs et déplaisirs : Freud appelle cela le principe de plaisir.
Le ça ne peut obtenir de satisfaction qu’avec l’aide du monde extérieur. C’est ici qu’entre en action le moi. Le moi va servir de tampon entre le ça qui exige tout et tout de suite, et le monde extérieur réel.
D’un côté, le moi cherche à l’extérieur à travers la conscience le meilleur moyen de satisfaire les pulsions. D’un autre côté, le moi est tourné vers l’intérieur, il tempère les pulsions, les fait patienter, voire modifie leurs buts. C’est de cette manière que le moi transforme, remplace le principe de plaisir en principe de réalité.
Le surmoi quant à lui est une instance qui va permettre d’intérioriser les interdits fondamentaux (interdit du meurtre et interdit de l’inceste), mais aussi les interdits parentaux et culturels. Ainsi va se former la conscience morale de l’individu.
Le moi a donc une place centrale dans cette deuxième topique, à cheval entre l’inconscient et la conscience. Il veille à ce que les deux autres instances ne prennent pas toute la place sans par ailleurs complètement les empêcher d’exister et de jouer leurs rôles respectifs.
A quoi servent les topiques ?
La première topique permet de comprendre le principe du refoulement et son mécanisme, comment grâce aux rêves et aux actes manqués, il est possible d’aller chercher la représentation qui est à l’origine du symptôme, et de lever les résistances (quand c’est possible et souhaitable).
La seconde topique permet de saisir la personnalité du patient et de savoir sur quelle instance il va falloir travailler : si par exemple, un patient a un surmoi fort, qui prend toute la place, qu’il a une conscience morale telle qu’il ne s’autorise plus à laisser s’exprimer ses désirs, il s’agira d’une personnalité surmoïque.
Si vous souhaitez aller plus loin, je vous recommande la lecture de Le moi et le ça de Freud. Vous pouvez aussi aller visionner cette courte vidéo.
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« Le moi et le ça »