Vous avez pris la décision de suivre une thérapie. Vous ne savez peut-être pas laquelle et surtout vous ne savez pas comment choisir votre thérapeute. Il faut dire qu’avec l’explosion du développement personnel, vous avez l’embarras du choix. Peut-être qu’un proche, un ami ou même un médecin vous a déjà conseillé un thérapeute. Mais est-ce qu’il vous conviendra ? Cet article est écrit pour vous, pour vous aider à bien choisir votre thérapeute.
Bien faire la différence entre thérapeute et psychothérapeute
Dans le monde florissant du développement personnel, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes qui, sans mauvaises intentions, prenaient le titre de thérapeute. C’est, selon moi, une erreur qui peut fausser le choix du patient quand elle ne met pas en danger sa santé mentale voire sa santé tout court.
Qu’est-ce qu’un thérapeute ?
Une thérapie est une manière de traiter une maladie. Ce traitement peut être médicamenteux, physique, corporel, psychique. Un thérapeute est celui qui propose un traitement ou une méthode de traitement dans le but de soigner une personne.
On voit déjà à travers ces définitions que la limite est floue entre la médecine et les thérapies, entre le corps médical, les soignants et les thérapeutes. Un thérapeute peut être facilement accusé d’exercice illégal de la médecine s’il ne connaît pas lui-même les limites de l’exercice de la thérapie qu’il propose.
Exerce illégalement la médecine :
1° Toute personne qui prend part habituellement ou par direction suivie, même en présence d’un médecin, à l’établissement d’un diagnostic ou au traitement de maladies, congénitales ou acquises, réelles ou supposées, par actes personnels, consultations verbales ou écrites ou par tous autres procédés quels qu’ils soient, ou pratique l’un des actes professionnels prévus dans une nomenclature fixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de l’Académie nationale de médecine, sans être titulaire d’un diplôme, certificat ou autre titre mentionné à l’article L. 4131-1 et exigé pour l’exercice de la profession de médecin, ou sans être bénéficiaire des dispositions spéciales mentionnées aux articles L. 4111-2 à L. 4111-4, L. 4111-7, L. 4112-6, L. 4131-2 à L. 4131-5 ;
Par ailleurs, dans le langage courant, le terme « thérapeute » désigne généralement les psys : psychiatre, psychologue, psychanalyste, psychothérapeute. Or tout thérapeute n’est pas psy.
Les coachs, les psychopraticiens, les hypnothérapeutes, les sexothérapeutes, les personnes proposant du développement personnel sont-ils des thérapeutes ?
Seul le titre de psychothérapeute est aujourd’hui réglementé. Ce qui signifie que n’importe qui peut prendre le titre de thérapeute sans être psy.
A moins qu’ils soient détenteurs d’un doctorat de médecine ou d’un master en psychologie ou en psychanalyse, ou qu’ils aient suivi une formation en psychopathologie reconnue par l’Etat, les coachs, les psychopraticiens, les hypnothérapeutes ne sont pas des psychothérapeutes.
L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des psychothérapeutes.
[…]
Un décret en Conseil d’Etat précise les modalités d’application du présent article et les conditions de formation théorique et pratique en psychopathologie clinique que doivent remplir les professionnels souhaitant s’inscrire au registre national des psychothérapeutes. Il définit les conditions dans lesquelles les ministres chargés de la santé et de l’enseignement supérieur agréent les établissements autorisés à délivrer cette formation.
L’accès à cette formation est réservé aux titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France ou d’un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse.
Extrait de l’article 52 de la loi 2004-806 du 9 août 2004
En revanche, ils peuvent vous proposer une thérapie ou une psychothérapie, autrement dit, une technique ou une méthode qu’il aura apprise, acquise à travers une formation ou développée sur la base de son expérience personnelle. Cette thérapie a pour but de vous permettre d’aller mieux.
Comment s’assurer du sérieux du thérapeute que l’on va contacter ou que l’on a consulté ?
Quel thérapeute n’a pas aujourd’hui un site ou un blog dans lequel vous pouvez trouver des informations sur son parcours professionnel, sur les formations qu’il a suivies, sur les diplômes ou certifications qu’il a obtenu, sur la fédération à laquelle il est rattaché, voire sur le code de déontologie qu’il respecte ?
Vous pouvez donc dans un premier temps aller consulter en ligne le curriculum vitae du thérapeute que vous souhaitez consulter. Et ce, même si c’est un thérapeute que l’on vous a recommandé.
Pour les psychothérapeutes, vous pouvez vérifier qu’ils ont un numéro Adeli, qu’ils sont inscrit dans le répertoire des psychothérapeutes auprès de l’ARS (Agence Régionale de Santé)
Vous pouvez aussi lui demander ces renseignements lors de votre premier contact téléphonique, même si cela se fait plus souvent lors du premier entretien.
Enfin, si, au cours de ce premier entretien, le thérapeute vous conseille d’arrêter un traitement que vous suivez déjà (médicamenteux ou psy), s’il vous propose un traitement autre que de l’écoute et de la parole, s’il refuse de vous donner des informations sur sa formation ou sur ses diplômes ou certifications, fuyez !
Prendre rendez-vous avec plusieurs thérapeutes
Ne vous contentez pas d’une recommandation d’un proche ou d’un médecin. N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec d’autres thérapeutes. Il ne s’agit pas non plus de consulter une dizaine de personnes : prenez déjà rendez-vous avec deux ou trois thérapeutes parmi ceux qui vous paraîtront les plus sérieux.
Chaque thérapeute est différent
Chaque thérapeute a une méthode différente de travail et une approche différente de sa spécialité. Par exemple, même s’ils ont reçu une formation identique, les psychologues peuvent être comportementalistes ou bien avoir une approche plus analytique.
Chacun a aussi son cadre déontologique qui énonce les limites de sa pratique et ses engagements vis-à-vis de son patient. Chaque thérapeute se fixe son propre cadre, adopte ou adapte celui de la fédération à laquelle il appartient.
La relation transférentielle qui s’opère entre le patient et le thérapeute sera, elle aussi différente, si elle est acceptée ou non par le thérapeute et comment celui-ci la gère.
Faites confiance à votre ressenti
Ce qui compte, c’est vous. Il ne s’agit donc pas de faire plaisir au thérapeute qui vous reçoit ou à la personne qui vous l’aura chaleureusement recommandé.
Si à un quelconque moment vous ressentez un malaise, quelque chose qui vous dit que ça ne va pas, vous pouvez très librement mettre fin à ce premier rendez-vous sans culpabilité. Même si cela se joue dans la salle d’attente ou au bout de cinq minutes !
J’exagère à peine : ce qui est important c’est ce que vous ressentez au cours de ce premier rendez-vous. Si vous ne vous sentez pas en confiance, si vous vous sentez jugé, si vous n’avez pas envie de revenir pour des raisons qui vous appartiennent, c’est que ce thérapeute ne vous convient pas.
Cela peut être autant la thérapie qu’il vous propose que son cadre ou même sa personnalité. Ce n’est pas parce qu’on vous a recommandé ce thérapeute qu’il doit vous convenir.
Comparez les différents rendez-vous
Il s’agit ici non pas de mettre à concurrence les thérapeutes, ni d’établir une comparaison des tarifs et du temps de chaque séance, mais plutôt d’évaluer le ressenti de chaque premier rendez-vous.
Le transfert qui se sera opéré entre le thérapeute et vous est important : il faut qu’il soit présent et que le thérapeute soit à l’aise avec lui, qu’il l’accepte.
Que vous vous sentiez en confiance ne suffit pas. Il est nécessaire que tout soit clair pour vous : l’explication de la thérapie, de la méthode ou de la technique proposées, le cadre déontologique, la formation du thérapeute, ses tarifs, la durée des séances.
Je vous déconseille de faire votre choix sur la base d’avis sur le thérapeute glanés sur internet : un thérapeute peut convenir à certaines personnes sans nécessairement vous convenir à vous.
Le premier rendez-vous est déterminant pour choisir son thérapeute
Vous l’aurez compris, avant de vous engager dans un travail thérapeutique, un premier rendez-vous, une première rencontre avec celui ou celle qui va vous accompagner, sont importants.
Je vous propose ici une liste non exhaustive de choses sur lesquelles devra un peu se porter votre attention au cours de votre premier entretien qu’il soit en cabinet, au téléphone ou en visio.
- L’accueil qui vous est réservé : le thérapeute est-il chaleureux ou froid ? en retard ? Si vous êtes vous-même en retard, vous fait-il des reproches ? Le thérapeute fait-il autre chose pendant la séance ? Répond-il aux appels téléphoniques au cours de votre rendez-vous ?
- Le temps d’écoute accordé à votre parole : est-il suffisant ou bien le thérapeute vous prend ce temps de parole pour vous raconter sa vie ? Regarde-t-il constamment l’heure ? Vous presse-t-il de terminer ou est-il généreux et vous accorde un peu plus de temps que prévu initialement ?
- Les questions qui vous sont posées : le thérapeute peut vous poser des questions au cours de cet entretien, vous demander des précisions, mais il ne s’agit pas de vous engager dans un travail thérapeutique dès ce premier rendez-vous, encore moins d’amorcer un interrogatoire intrusif. Les questions portent généralement sur votre situation familiale et professionnelle, guère plus.
- La thérapie qui vous est proposée : elle doit être claire
- La fréquence et le tarif des séances : ils doivent être eux aussi clairement énoncés et n’oubliez pas qu’ils sont négociables !
- Les réponses apportées à vos questions : si elles sont peu claires ou évasives, ce n’est pas bon signe.
J’espère que cet article pour permettra de bien choisir votre thérapeute et vous évitera des déconvenues. Dites-moi en commentaires comment vous avez choisi le vôtre. Vous pouvez aussi me faire part de vos mauvaises expériences (en respectant l’anonymat des personnes).